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samedi, janvier 08, 2005

Portraits de sumotori 2

KAZUYA
kazuya
Quand je suis passé voir l’oyakata l’autre jour, il m’a dit que de convaincre des lutteurs potentiels de rejoindre sa heya était rarement chose aisée. « On leur parle longtemps, pas juste une fois ou deux, mais encore et encore. Ca peut prendre un an ou deux avant qu’ils n’arrivent ».

Il semble que cela ait été le cas avec Kazuya. Sa route a croisé celle de l’oyakata pour la première fois quand il a eu son bac. Il était un très bon joueur de badminton à l’époque. Il accepta l’invitation de l’oyakata de venir dans la heya quelques jours, mais ne fut pas convaincu. On lui offrait une place dans l’équipe de badminton universitaire de la faculté qu’il souhaitait intégrer, et il avait envie d’accepter. (Oui, je sais, j’ai dit « Badminton universitaire ». Ne riez pas : c’est un sport olympique dans lequel les voisins asiatiques du Japon excellent).

Il entra à l’université. Comme beaucoup d’athlètes universitaires, il vivait dans des dortoirs, pour être plus proche de ses coéquipiers et avoir plus de temps pour l’entraînement et pour lui. Mais l’oyakata était tenace. Il implora Kazuya de revenir encore une fois dans la heya, ce qu’il fit l’hiver dernier pendant les vacances du Nouvel An. Et cette fois-ci, en regardant les lutteurs à l’entraînement matinal, il décida de changer d’orientation.

« Quand j’étais petit, je pensais que le sumo, c’était sympa. Puis, quand je suis venu ici et que j’ai vu comment ça se passait, je me suis dit ‘wow, c’est vraiment sympa’. Ce n’est pas comme de la lutte pro ; c’est du vrai, authentique combat ». Avec la bénédiction de son père, un maçon, et de sa mère, il quitta sa ville natale de Fukuoka, sur l’île méridionale de l’archipel nippon, laissant également derrière lui une sœur hôtesse de bar et un frère toujours à l’école.

Il ne fut pas trop difficile pour Kazuya de s’adapter à la vie de sumotori. Comme athlète universitaire, il se levait tôt le matin, pour endurcir son corps me dit-il. Il faisait les courses et la lessive pour ses deux senpai – un pour chaque année au-dessus de lui – et donc rien, y compris d’être tsukebito du sekitori, ne lui est étranger.

Il aime la camaraderie que la vie de sumotori offre, dit-il. Il aime vivre avec un groupe de gens qui travaillent tous avec le même but. Mais il aimerait avoir un peu plus de temps pour lui-même. « Je n’ai pas le temps de m’amuser. Je n’ai même pas le temps d’avoir une petite amie ».

En plus de son programme d’entraînement et de ses responsabilités professionnelles en tant que lutteur débutant et tsukebito rattaché au sekitori, il finit son université par l’entremise de cours par correspondance. Sans diplôme universitaire, dit-il, il sait qu’il lui sera difficile de trouver du travail quand il quittera le sumo. Il aimerait devenir professeur de sport quand il se retirera.

APRÈS: Le Bon-En-Kai